Réforme de l’enseignement professionnel

Le Ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer a présenté le 28 mai dernier les principaux axes de la future réforme de l’enseignement professionnel, dont le vote parlementaire est prévu à la fin de l’année. Le but est de redonner à la formation professionnelle une attractivité, un prestige, une efficacité et d’en faire un parcours de réussite et d’excellence.

Le projet s’articule autour de 3 grands axes :

La création de “véritables campus professionnels “

L’objectif est de créer des lieux de vie, de formation et d’innovation en lien étroit avec les régions et les acteurs de la recherche et du monde professionnel. Concrètement, un campus professionnel réunira :

  • des établissements d’enseignement supérieur et secondaire proposant des filières professionnelles créatrices d’emploi, du CAP à la licence professionnelle ;
  • des équipements sportifs ;
  • un internat ;
  • une section de l’université comme les DUT ;
  • un centre de formation d’apprentissage ;
  • des entreprises partenaires ;
  • un réseau d’établissements proposant des formations à proximité du campus.

Le gouvernement prévoit de créer ces “campus d’excellence” dans toute la France, avec au moins 3 campus par région d’ici 2022.

Des formations plus claires et correspondants aux besoins réels de l’économie

Les cartes de formations sont amenées à être revues dans l’objectif de prendre en compte les métiers de demain, tout en réduisant les effectifs d’élèves dans les filières où l’on constate des difficultés d’insertion sur le marché du travail.  Il est donc prévu d’adapter le contenu des diplômes aux enjeux économiques à venir. Dès cet été, le ministère de l’Education Nationale et les partenaires sociaux seront amenés à revoir les diplômes dans le cadre des commissions professionnelles consultatives, en vue de les les rénover pour répondre aux enjeux économiques actuels et à venir. Les formations en lien avec des secteurs d’activités amenés à se développer seront déployées. Les formations qui insèrent le moins seront limitées et verront leur contenu adapté afin de répondre au mieux aux attentes des employeurs. Les élèves seront, quant à eux, incités à se tourner vers d’autres formations.

Un plan de formation des professeurs sera prévu et les opportunités de rencontres entre professeurs et professionnels seront développées afin de partager sur les évolutions des métiers et des compétences.

Vers des parcours d’excellence

Le projet prévoit une meilleure information des élèves et des familles, avec une information renforcée (aux métiers, aux formations et à leurs taux d’insertion), un accès à des stages de découvertes disponibles dès la classe de quatrième, pour les élèves de 14 ans. La classe de troisième “prépa pro” et le DIMA (Dispositif d’Initiation aux Métiers en Alternance) seront remplacés par une classe de troisième “prépa métiers”. Les classes de seconde professionnelle se verront réorganisées par grandes familles de métiers et seront moins spécialisées qu’aujourd’hui.

Le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) sera proposé en un, deux ou trois ans. Formation en 1 an pour les jeunes issus de première ou terminale générale, technologique ou professionnelle ou ayant déjà un diplôme et dispensés des épreuves générales, ou sortant d’une troisième avec un projet professionnel solide et un bon niveau scolaire. Le CAP sera proposé en 2 ans pour les élèves issus de troisième, afin de leur permettre d’acquérir un savoir-faire professionnel et un savoir-être solide. Enfin, la formation sera préposée sur 3 ans pour les jeunes ayant des besoins particuliers, des difficultés scolaires graves et persistantes, identifiés par les commissions d’affectation.

Les programmes des CAP devront être revus pour la rentrée 2019 afin de favoriser l’insertion professionnelle. La mise en place d’un test de positionnement permettra d’identifier les besoins des élèves en mathématiques et en français. De plus, l’accent sera mis sur la transmission d’un savoir-être visant à améliorer l’insertion professionnelle, tel que l’acquisition des codes culturels et sociaux, la posture professionnelle… qui feront partie des points clés des formations.

Le baccalauréat professionnel sera lui aussi réorganisé en familles de métiers, afin d’être plus progressif et plus lisible. Une famille de métiers rassemblera différentes spécialités de baccalauréat professionnel regroupées sur la base de compétences communes. A l’heure actuelle, une liste non définitive de 14 familles de métiers est citée dans le dossier de presse du gouvernement. On y retrouve les métiers :

  • de l’aéronautique ;
  • de la réalisation de produits mécaniques ;
  • du numérique et de la transmission énergétique ;
  • de la maintenance des équipements industriels et des véhicules ;
  • du pilotage d’installations automatisées ;
  • des industries graphiques et de la communication ;
  • du bois ;
  • de la construction durable, du bâtiment et des travaux publics ;
  • des études et de la modélisation numérique de bâtiment ;
  • de la beauté et du bien-être ;
  • de la gestion administrative, du transport, de la logistique et de la sécurité ;
  • de la relation client ;
  • de l’hôtellerie-restaurant et du tourisme ;
  • de bouche.

C’est à la fin de la classe de seconde, que les élèves en baccalauréat professionnel choisiront leur spécialité pour l’année suivante. En option en terminale, selon son choix et son projet d’avenir, l’élève pourra bénéficier d’un module d’insertion professionnelle et d’entreprenariat ou d’un module de poursuite d’étude.

Enfin les modalités d’évaluation du CAP et du baccalauréat professionnel seront modifiées. Un diplôme intermédiaire pourra être déliré sous certaines conditions afin de valoriser l’engagement et le travail des lycéens. Dès la première, les élèves travailleront sur la présentation d’un chef-d’œuvre faisant l’objet d’une épreuve finale en terminale. Des attestations de blocs de compétences pourront être remises sous certaines conditions, à des candidats ajournées à l’examen, de manière à favoriser le retour à la formation à n’importe quel moment de la carrière professionnelle.

© flaticon